samedi 3 septembre 2011

Pièce en deux Actes. 1- BELVEDERE prend les Juges et ses créanciers pour des idiots

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On savait que, suite à la résolution du plan de sauvegarde par le Tribunal de Commerce de Dijon, Belvédère avait annoncé vouloir des négociations avec les créanciers. Ce qu'on ignorait, c'est qu'elle avait demandé au TC de Dijon que ces négociations se fassent sous sa houlette.

Or l'avocat des obligataires, a lâché le morceau dans une interview au Midi-Libre : le jour-même où le TC de Dijon l'a convoqué pour lui faire part de son acceptation, BVD a demandé à bénéficier de l'extension de sauvegarde de Moncigale au TC de Nîmes, en arguant d'une confusion de patrimoine.

Dans la série Double Jeu et faux-cul, difficile de faire mieux. Cela a permis d'éviter que les créanciers ne lancent les procédures judiciaires qui leur auraient permis de faire valoir leurs intérêts (car quand on est de bonne foi, et qu'on accepte des négociations amiables, on ne lance généralement pas dans des procédures judiciaires). Puis de leur faire un pied de nez : "Désolé les gars, on vous a entubé, vous êtes repartis pour 10 ans".




Ah si, pour la série faux-cul : dans le même article, le Midi-libre a donné la parole au Directeur Général de Belvédère, Krystof Trylinski. Qui affirme que grâce à cette procédure de confusion de patrimoine, Moncigale récupère, outre quelques dettes, les fabuleux actifs de BVD. Il va prendre longtemps les gens pour des naïfs?

Chercherait-il à obtenir le soutien des viticulteurs locaux? C'est raté. Car si la confusion de patrimoine est confirmée lors d'une prochaine instance judiciaire, cela voudrait dire que Moncigale, actuellement à l'abri des créanciers de BVD et de ses propres actionnaires du fait de son plan de sauvegarde, devrait payer les plus de 600 millions d'euros de dettes de sa maison-mère. En étant théoriquement couverte par des actifs que la Direction souhaite voir évaluer très haut. Seulement voilà : entre des dettes exigibles de suite, et des actifs EVENTUELLEMENT vendables, il y a un écart de délai. Voire de valorisation, puisque tous ces actifs sont déjà grevés de nantissement et garanties en tous genres.

Et gageons que n'importe quel Groupe intéressé par un éventuel rachat des marques ou activités de Belvédère n'ira pas se précipiter. Tout d'abord parce que Belvédère, qui a eu plus de trois ans pour vendre ses marques, avait fait capoter les négociations précédentes. Et parce que désormais, des acquéreurs éventuels seraient en position de négocier au prix bas. Si tant est qu'un Groupe accepte de faire confiance aux dirigeants de Belvédère. Connaissant leurs techniques d'enfume, leur acheter directement reviendrait à engager des frais sans être certain qu'ils ne feront pas, une nouvelle fois, capoter l'affaire. Dans ces conditions, il est nettement plus sain d'attendre une vente décidée judiciairement.

Moncigale, ses salariés et ses créanciers ont donc tout à perdre d'une décision de confusion de patrimoine. Et les gesticulations du Sieur Bourbousson disant qu'il se bat pour la sauvegarde de l'emploi local ne sont de toute évidence, au mieux, qu'une erreur de jugement. Et au pire, un simple manoeuvre politicienne, assortie, ou pas, de renvoi d'ascenseur.

Que la Chancellerie du Ministère de la Justice ait, selon les informations du même Midi Libre, dans son article "Belvedere dans la tourmente" demandé à ce qu'il soit fait appel de cette procédure est finalement un tout petit peu rassurant. Tout dépend s'il s'agit d'une objection formelle pour sauver la face; ou si le dossier sera vraiment revu sur le fond, lors de l'appel annoncé pour octobre.



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Mise à jour du 04/05/2011. Sur le même sujet, voir aussi le reportage de FR3 Languedoc-Roussillon hier soir (juste après le sujet initial sur les punaises de lit : on admirera notamment le sérieux imperturbable avec lequel un DG de Moncigale, Jean-Baptiste Duverne, indique que "Ce transfert n'a rien à voir avec la procédure de sauvegarde, il était en discussion au sein du Groupe Belvédère, et on y pense depuis au moins plus de deux ans" . Au passage, le reportage indique que Monsieur le Maire a bien été élu administrateur de Belvédère (pas de Moncigale, non, mais bien de la holding qui veut faire peser sur la société locale le poids de sa dette). Ce n'est pas tout à fait exact. Il y a eu simplement un "voeu" prononcé dans ce sens.

Autre compte-rendu sur le site web du Midi-Libre.

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